Au commencement était la danse. Au commencement de toute pratique artistique est la danse ; Nietzsche disait ce qui permet de comprendre le sens d’une phrase, c’est son rythme
Autant dire que ce qui permet de comprendre le monde c’est qu’il danse.
Chers amis, Mon propos prendra la forme d’un billet que je m’emploierais à lire…Puisque Michèle a bien voulu aimablement nous accorder un temps bienvenu de communication, je me permettrais très brièvement d’évoquer ici le pourquoi du comment qui fonde l’existence de l’Adada et de ses actions.
Nous sommes partis d’un constat invraisemblable : il n’existait dans notre région aucune instance qui réunisse les artistes de toutes disciplines. Partant de là, la question devenait n’aurions-nous rien à nous dire ? rien à partager ? rien à apprendre les uns des autres ?
Curieusement l’interpénétration des disciplines artistiques est depuis longtemps passés dans les mœurs, s’y reconnaît même un quasi critère de modernité…Ce lieu même qui nous accueille mieux qu’en témoigner semble en faire un moteur de sa réalité.
Autrement dit le dialogue interdisciplinaire est aussi fructueux que possible et en même temps nous en sommes aux balbutiements quand à prendre la mesure de nous structurer en conséquence. L’adada avec sa volonté de rassembler dans le même bateau, d’aucuns diraient galère tous les artistes..Fait figure d’exception. Nous rassemblons une centaine d’artistes et plus sur le territoire bas normand..Avec comme objet commun : la solidarité des artistes et le développement des arts. Il reste -sauf exception que nos camarades s’investissent plutôt par affinités relevant de leur stricte obédience. Chacun s’accorde comme excuse l’impératif de sa survie, et grosso modo qu’il n’a que trop à faire pour atteindre ses objectifs par quoi se trouve focalisée son énergie. Bref on s’accorde à s’estimer coincé dans les bornes du calcul égoîste ; ce qui est amusant et contradictoire …C’est que c’est en s’emparant des problèmes de la danse que l’Adada a quelque peu malmené les fameuses « bornes étroites « . En effet la situation de la danse en France et en Basse Normandie est devenue si préoccupante et gravissime que cela n’a pu que devenir l’affaire de tous. Il existe avec la danse un comparatif possible par rapport au développement du théâtre…Impossible alors de faire l’impasse sur une situation par trop dégradée. En tout cas sous nos cieux …Mais les signes existent indicatifs que cela commence à frémir aussi au plus haut niveau ( Entretien de Valois, conférence régionale Rhône-Alpes). En tout cas nos amis danseurs ont mandaté l’Adada à juste raison de favoriser la mobilisation, la réflexion et l’action du secteur de la danse dans son appétit de se structurer et de prendre ses affaires en main. Mijote actuellement sur le feu un collectif/danse qui entend maintenir une juste pression sur les pouvoirs publics.
Ce n’est pas fausse modestie de ma part mais j’avoue ne trop rien savoir de la danse , ou si peu…Je suis donc susceptible de m’emmêler les pinceaux…Le trait d’esprit ne pouvait s’éviter en ce lieu. Quand même, par delà leur technique qu’est-ce qui rassemble les uns ou les autres, qu’est-ce qui nous fait : peintres, danseurs, acteurs un air de famille ?
Je suis tenté de répondre (il faut m’en excuser) par un emprunt à la philosophie allemande la plus accomplie. Un mot allemand donc me vient à l’esprit : l’Ursprung. Quoi-t-‘est-ce ?
Il se traduit par convergence un double sens : le jaillissement d’une part, le retour sur les origines d’autre part. Ce serait ça qui bondit hors de moi, le saut dans l’inconnu, la source imprévisible ..Cela jaillit on ne sait d’où ..Ce flot, ce flux bondissant, comment l’attraper, avec quel filet ? Danse, peinture, théâtre …En réalité, rien ne s’attrape…L’eau vive traverse, transcende notre tentative..ça n’arrête pas : la vie suit son cours…Et comme disent les jeunes gens on s’éclate ! Ainsi que fait-on d’autre ? Que témoigner de sa naissance ? que d’être venu au monde pour « une saison en enfer ». Rimbaud le dit si bien :
« Connais-je encore la nature ? Me connais -je ? plus de mots.
J’ensevelis les morts dans mon ventre !
Cris, tambours, danse, danse, danse, danse !
Je ne vois même pas l’heure ou les blancs débarquant je tomberais au néant.
Faim ; soif, cris, DANSE ! DANSE ! DANSE ! DANSE ! »
JP Dupuy, le 5 oct 2009
Illustration : les danseurs d’Alvin Ailey par Andrew Eccles
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salut Jean-pierre,
j’ai bien reconnu là ton humour viscéral, les boyaux et les neurones réunis en une danse verbale endiablée,suis contente d’avoir trouvé ta trace sur le net,
au plaisir de de revoir ou lire,
véronique