ADADA

Association de Défense des Artistes et de Développement des Arts

L’ADADA passe à la radio : le projet STORYUS de Dominique Nugues, DN s’entretient avec Jean-Pierre Dupuy

STORYUS vous propose de passer un moment avec  Jean-Pierre Dupuy, homme de théâtre, de culture et de conviction.
La conversation entre Jean-Pierre Dupuy et Dominique Nugues est centrée sur les questions essentielles de culture, de partage et de gratuité.

Pour écouter cette conversation,connectez vous sur  storyus ou/et écoutez  RadioBazranaom mardi 23 mars à 11h ou jeudi 25 mars à 19h.

 »Si vous êtes intéressés par le projet STORYUS / l’esprit face aux technologies édité par Dominique Nugues, le moyen le plus simple d’aider est de participer à la diffusion de ce message par mails, articles sur vos blogs, liens ou citation. Par avance merci. »
Dominique Nugues

On peut aussi l’écouter ici aussi :

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Evaluation droit et devoir

Evaluation : une nécessité objective pour prétendre à une aide publique

« Tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes et par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quantité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Article 14, déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 26 août1789

Ainsi « suivre l’emploi » de la « contribution publique », en mesurer la nécessité, en « déterminer » les modalités a pu s ‘inscrire comme un droit de regard des citoyens et de leurs élus sur les fonds publics.

Questionner aujourd’hui l’évaluation, c’est d’abord faire retour sur ce droit républicain, en jauger l’exercice, en explorer le devoir, en discerner les obligations.

Reconnaissons d’emblée la nécessité d’une notion, qui nous est chère: la transparence, immédiatement instruite par l’exercice d’une liberté de tous les instants des citoyens eux-mêmes et de leurs représentants.

Or, c’est bien dans ces termes que l’on peut souhaiter cadrer notre réflexion et en définir les limites. Seulement voilà, la difficulté surgit dès lors que l’on considère l’objet de la « contribution publique » ; objet bien différent et singulier s’agissant d’art, d’oeuvre d’art, d’arts vivants, de ce que l’on tient communément comme bien public avec tout ce que cela condense d’intérêt général !

Où est l’intérêt général d’une oeuvre ? La réponse ne peut être tenue pour évidente. L’art pose problème…Et complique sérieusement notre appétit d’évaluation, comme dans ce domaine, l’exercice de son mandat par l‘élu. Nous nous risquons donc, avec prudence, sur un terrain miné…Où la controverse et le dissensus nous écartent du « libre consentement » recherché par les pères fondateurs de la République.

Nous (artistes ou prétendus tels, collectivement organisés ou pas) savons devoir emprunter avec cette réflexion, un chemin ardu mais, devoir y consentir pour « avancer » …Parier sur l’échange et le dialogue sans écarter personne, sans rien occulter de la complexité du processus engagé.

Évaluation et idéologie. Retour sur les origines.

De quoi part-on ?

C’est un procès historique que l’on connaît bien que celui du rapport de l’art à l’idéologie. Dégager l’art de toute idéologie, protéger la pratique artistique d’un cadrage douteux dans l’ordre du politique et de missions édifiantes dans l’ordre du social, seront une des préoccupations constantes et conjointes des responsables politiques et culturels. Cela aboutira, entre autre chose, à confier aussi souvent que possible la direction des institutions culturelles, à des artistes…Ces derniers cumulant leur fonction poétique avec  de nouvelles capacités de gestionnaire, administrateur et finalement d’homme d’affaires.

Se protéger de l’académisme et de  « l’art engagé », élever l’art au-dessus de toutes contingences historiques et politiques…seront des acquis des années Malraux.[1]

Dans le même mouvement l’art devait prétendre s’affranchir de toute contingence d’ordre économique, social, politique et même culturel. Il n’avait plus qu’à répondre de lui-même et à s’auto justifier d’une métaphysique qui lui était propre. Ainsi apparut sans que jamais rien ne le fonde, le concept « excellence », dont les Affaires Culturelles feront leur postulat d’Euclide, ultime avatar de la pensée « Malraux », qui ne se justifie de rien d’autre que de la croyance au « sublime », au « transcendantaaaaale » dirait  Salvador Dali en se frisant les moustaches ! Pure pensée théologique de l’art. Nouvelle religion.

L’excellence se fonde sur du vent et sur l’air du temps. Si, il est de peu de mérite de se prémunir de l’académisme d’hier, qui peut nous préserver de celui d’aujourd’hui ?

Dans tous les cas , la croyance creuse son sillon. Vieillerie. Soyons modernes nous en conjurait Rimbaud.

Peut donc, à partir de là, se repérer dans le domaine de l’art, une surenchère de la pensée religieuse, qui génère ses dévots… Ses intégristes, et au bout du compte ses

« experts » ! À cette pensée métaphysique de l’art … s’oppose un autre système (de penser) où les considérations économiques, sociales et politiques retrouvent un nouveau droit de citer. [2] On obtient ainsi un produit idéologique hybride : un conglomérat savamment dosé de « religiosité » et de données empruntées au réel de l’économie marchande et libérale. Et vogue la galère !

L’imposture fila bon train jusqu’à ce que surgit dans ce consensus mou l’insupportable hydre de la contradiction triomphante. (cachez-moi cette horreur que je ne saurais voir). La crise éclata en 2003 avec le mouvement des intermittents – Ô les  vilains petits canards ! se mirent sur orbite une foultitude d’organisations nouvelles  dont SYNAVI et  UFISC pour une remise en cause tout azimut de l’ordre établi culturel. Fin du consensus mou. Réveil brutal. Les ennuis commencent !

Comment opère la prise d’intérêt du politique sur la culture ?

On voulait les problèmes réglés : Vadé rétro Satanas : le diable sort de sa boite. Politique et culture ? Il nous  faut à nouveau évaluer ou ré évaluer  les données du problème. Quel intérêt portent à la culture les responsables  politiques ? Comment peuvent-ils  s’y impliquer. Y Retrouve-t-on un clivage droite/gauche ? Comment chacun y trouve-t-il son compte ? Évaluation pour évaluation, celle-là en vaut une autre. Façon de dire qu’une évaluation dite artistique, plus ou moins possible, peut en cacher une autre …bien identifiable. Enjeux et calculs  électoraux réhabilitent l’ usage de la calculette…Et tant qu’à calculer, allons jusqu’au bout : tenons le « fric » qu’on y consacre comme référence de base. Au bout du compte : montant du chèque ?

Le rapport aux moyens financiers dont on dispose comme maître étalon de la capacité d’évaluer le travail artistique

On connaît bien le refus d’opérer qu’ont pu –courageusement- adopter  certains comités d’experts (de la danse !) sommés d’exercer leur art dans le cadre de restrictions budgétaires trop importantes à leurs yeux.  Dans un tel contexte : Quel sens et crédit pouvait-on alors accorder à leur expertise ?

Ce que faisant ces experts dont on ne saluera jamais assez le courage et la pertinence, ont reconnu qu’aucune expertise n’a de sens isolée de son contexte économique et politique. Foin de la sacro sainte indépendance et liberté de jugement à l’abri desquels  certains experts prétendent opérer. D’ailleurs bien d’autres dangers menacent les instances qui les rassemblent !

Quand on observe qu’un comité d’experts insensiblement se bonifie et se renforce outre mesure  de « diffuseurs patentés », on observe bien là, une « dérive » qui transforme, à son insu, le comité en organe de régulation (et de rationalisation de la loi de l’offre et de la demande). Il s’agit du Comité d’expert de Basse Normandie pour ne pas le nommer. [3]mais –estimons-nous- d’une autre manière, l’Office de Diffusion de Normandie (ODIA) se trouve confronté à une dérive à l’identique.[4]

Retour en force du quantitatif

Pour revenir un instant sur les considérations économiques (version conservatrice) : elles passent beaucoup par le retour du « quantitatif » insidieusement mais sûrement ré investi. Le retour sur investissement fait mode. On déplore un certain laxisme, une certaine irresponsabilité des artistes. Une désinvolture coupable vis-à-vis des deniers publics.[5] Retour en force du combien ? Combien de représentations ? salle vide ou pleine ? Quand même…Il importe peu ! (point de vue religieux) mais on y revient quand même ! La salle était-elle pleine ? ( réalisme et économie libérale).

L’industrie culturelle de masse reste insidieusement  une composante de référence. La culture ; source d’exploitation et de profits c’est une réalité…dont on s’interdit de faire un paramètre d’évaluation. Il faut donc savoir le faire mine de rien… Voilà où le talent s’emploie.

De la culture comme auxiliaire du développement économique : attractivité et restauration de la force de travail des couches moyennes

L’attractivité est une autre composante de la valeur ajoutée du fait culturel. Du ça paie et du ça vaut et ça peut rapporter gros.  Donc : bon investissement et bons profits co-latéraux.  C’est vérifié et calculé : indéniable. L’attractivité culturelle de la France en fait  le « number one » du tourisme dans le monde. C’est un fait et la donnée artistique joue sa partition dans cet immense parc d’attraction et de loisirs qu’est devenue notre beau pays. Le bras armé de cette conquête du monde ce sont nos festivals et le culte de l’événement. Surenchère et inflation de l’attractivité … d’un territoire, peut, se penser et se concevoir à partir du vecteur culturel… Quel élu, un tant soit peu responsable, n’aura pas le souci du développement de son territoire ?

D’autant qu’au souci d’attirer des usines[6] a succéder la nécessité d’attirer et d’organiser de nouvelles formes de développement et d’activités créatrices d’emploi. Le secteur tertiaire, le secteur des services, la recherche et donc la culture sont des dimensions modernes du développement capitaliste. Attirer capitaux et entreprises demande donc une politique culturelle attractive. Dans ce contexte : l’ innovation devient le maître-mot, le sésame du développement économique.

Enfin même si elle est d’ordre intellectuel plus que manuelle, une force de travail a besoin de se restaurer, de se renouveler …Bref , il faut trouver l’opium[7] de ce peuple de travailleurs là et la culture, le loisir culturel, l’art sont tout indiqués pour remplir cet office de salubrité publique. L’exploitation gangrène toutes les formes de la vie économique et sociale. Comme dirait Pierre Dac : « la culture est le nouvel élixir des classes qui boivent »

On l’aura compris le contexte idéologique de toute évaluation existe…Et ce contexte n’est pas innocent. Nous l’avons dit et le répétons le terrain est miné…Autrement dit tout discours sur l’évaluation est hasardeux… On ne peut s’y risquer qu’avec une solide analyse du contexte économique sociale et politique[8]. À l’évidence, beaucoup de paramètre à maîtriser.

Est-il possible au bout du compte, de procéder à une évaluation strictement dégagée de toutes contingences économiques, sociales et politiques comme peut y prétend l’artiste lui-même, oeuvrant en toute indépendance ? Y prétendre n’est pas nécessairement y parvenir.…Et qui y parviendrait, pourrait bien encore rester objet légitime de suspicion.

Données nouvelles pour repenser la relation art et espace public

C’est à la charte fondatrice du Synavi que nous emprunterons présentement nos éléments de réflexions, pour aller plus avant. Que dit cette charte dans son article 2 ?

« La place essentielle des artistes dans ces structures3 met en évidence les liens de l’activité de création et de la vie publique. L’activité artistique y est en prise directe avec la société et l’espace public, dans un rapport d’interaction concrète, de dialogue, voire de résistance. Les structures artistiques et culturelles indépendantes sont des espaces nécessaires de libre expression et de débats. Elles forment de petites enclaves d’utopie au coeur du réel. Elles permettent de résister au laminage de la subjectivité et à la normalisation des sensibilités. Leur existence fait jouer à la pratique de la création un rôle essentiel dans la démocratie. »

Réfléchir l’évaluation dans le domaine des arts, et particulièrement des « arts vivants » ne peut se faire sans questionner et enrichir de nouvelles dimensions la notion de démocratie. En effet, comment passer du plus singulier au plus général sans trahir ni réduire ni le singulier, ni le général ?

Comment verser un acte singulier, irréductiblement singulier au compte de l’intérêt général ? Voilà bien l’amorce d’un paradoxe complexe qui va bien au-delà d’une modeste enclave d’utopie !

Toujours dans cette même charte on peut lire (article 5)

« Dans tous ces domaines, les structures de la création indépendante participent à des missions de service public. Elles s’engagent à demander à l’Etat et aux collectivités locales de prendre enfin la mesure de leur engagement et de réévaluer leurs politiques de financement à leur égard. »

C’est bien dans la volonté de participer à des missions de service public que s’ inscrivent désormais la plupart des structures dites indépendantes et donc elles s’engagent à

« rendre des comptes » quand elles bénéficient d’argent public au titre de l’accomplissement de missions reconnues et identifiées par la puissance publique.

Comment prétendre à cette place et à cette mission, sans observer et évaluer, c’est-à-dire sans la volonté de « rendre compte » et de comprendre « comment ça marche », tant dans les oeuvres présentées, le fonctionnement et les actions des équipes artistiques, que dans le cadre plus large des objectifs poursuivis par les politiques culturelles ?

Dans ces conditions, l’évaluation peut consister en un examen rigoureux dans un cadre légal qui confère une légitimité aux jugements portés, de tous les éléments constitutifs de

l’oeuvre accompli et de tout ce qui concoure à en améliorer l’impact. De fait c’est le montage des critères et des paramètres : le coefficient qu’on leur accorde qui doit être soigneusement soupesé car les dérives viennent de qui peuvent fausser l’évaluation. Corrélativement à quoi , il faut s’assurer et se garantir d’une pluralité des jugements.

Reconnaître la spécificité des politiques culturelles

« Le premier principe de l’évaluation de la politique culturelle impose de négocier un volet évaluatif portant spécifiquement sur les valeurs culturelles. Cette affirmation d’une spécificité est un préalable à toute négociation sur l’évaluation des retombées « utiles » de l’action culturelle. L’exigence est importante et supposera une mobilisation politique forte » Jean Michel Lucas

Sous l’aspect stricte de la relation au législateur et à la puissance publique, l’état de la réflexion actuel doit beaucoup à Jean-Michel Lucas. ( alias Casimir) Et c’est à lui que nous empruntons l’essentiel des réflexions qui suivent.

La politique culturelle ne dispose pas, aujourd’hui, de modes d’évaluation autonomes. Elle trouve sa justification dans la légitimité des autres politiques publiques et s’évalue à l’aune de son « utilité » pour les autres finalités publiques. C’est ainsi que nous la trouverons mesurée avec des indicateurs propres à l’emploi, au tourisme, à la formation et à l’éducation, à l’économie et au développement des entreprises, …

L’enjeu d’une politique culturelle spécifique n’est pas de désigner les objets d’art eux-mêmes mais de mettre en place des dispositifs d’évaluation des productions artistiques qui opèrent au nom de l’intérêt général, sans se soumettre aux indications et lois du marché ou au principe de la demande du public qui lui est associée.

Cette question de l’autonomie de la culture par rapport aux autres politiques conditionne la possibilité d’en repenser le sens mais aussi de penser comment l’art est à l’oeuvre au sein de la société. Et dans ce travail, la notion de confrontation est essentielle tant entre les professionnels eux-mêmes qu’avec les décideurs.

Pourquoi « confrontation » et non « partage » ? Parce que ce n’est pas le consensus qui est recherché, mais la prise en compte de la pluralité des points de vue, y compris dans leurs conflits possibles, dans la décision qui devra être prise ensuite par le décideur.

L’évaluation, un outil pluraliste de compréhension,

une démarche collective

Nous avons commencé à l’indiquer, nous pensons que l’évaluation est une démarche collective et organisée de construction de jugements pratiques portés en vue d’une action ou d’une décision. Elle consiste en l’examen rigoureux d’une action publique projetée ou exécutée en tant qu’action artistique et culturelle.

Cet examen requiert un cadre institutionnel qui confère une légitimité aux observations et jugements portés.

Plus que de dire si c’est bien ou mal en se focalisant sur un résultat, on s’attachera à saisir le processus ou la démarche dans toutes ses composantes en bonifiant au passage une meilleure connaissance des conditions de mise en oeuvre des interventions publiques et de la réalité concrète des mutations et transformations sociales  que cela peut provoquer.

Concept nouveau : la co-construction

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La détermination des valeurs artistiques et culturelles qui sont bonnes pour l’intérêt général n’est jamais réglée une fois pour toute. La politique culturelle s’initie et se construit par et dans la discussion publique, elle est co-construite. Ce principe de co-construction est un enjeu de démocratie. Il signifie que la complexité des situations est en permanence assumée par l’instance qui associe acteurs et décideurs.[9] De nombreux dispositifs de confrontation avec les acteurs associatifs, les professionnels, les élus, peuvent jouer leur rôle sous forme de « comités », « organismes paritaires », « chartes déontologiques », « protocole de travail », « assises locales ou départementales »,… Ils permettent de confronter le sens et les valeurs d’acteurs différents engagés dans un mouvement complexe. La politique publique devient ainsi co-élaborée, elle organise la discussion sur l’ensemble des choix, met en place les dispositifs de concertation.

Théorie de l’exception

Le trait d’une oeuvre n’est pas l’excellence mais l’exception ou la singularité très affirmée de l’oeuvre. Il nous[10] semble que, dans l’ordre de l’artistique, l’évaluation doive procéder de deux positions sans qu’il y ait à veiller à leur  compatibilité. La première position se rapporte au savoir, travail d’archiviste et de repérage des savoirs et savoirs faire constitués, l’oeuvre s’inscrit plus ou moins dans une histoire (histoire de l’art) et il existe donc d’origine universitaire ou journalistique (défini comme la critique) un creuset de connaissance qui peut contribuer à nommer l’oeuvre.

La deuxième position relèverait de l’inconnu de soi. Du non savoir et de la place souveraine qu’il est possible de lui accordée. L’une et l’autre positions cohabitent avec plus ou moins de bonheur mais c’est de la gestion intelligente de l’une et l’autre que ressort l’exercice. Oui, il y faut une éthique, un sens subtil de l’équilibre, une ouverture d’esprit appropriée.

Au total, on voudrait que l’exercice ne soit jamais expéditif ! Or confié à des professionnels ou amateurs éclairés ; il va s’exercer le plus souvent sans moyen, sans accorder le temps nécessaire, à la va-vite …En amateur ! Dans une disproportion assez sidérante de ce qui constitue le travail des uns (les artistes) et l’absence de travail des autres ( les évaluateurs). Bref, se donne-t-on les moyens de son ambition ? La réponse est non !

La « critique » n’a pas suivi la dynamique de développement du secteur culturel ; elle est restée « scotchée » à la crise de la presse…La médiation de l’opinion publique n’a plus sa mesure et son orchestration.[11]

La pluralité des jugements n’a plus aucune assise…Il n’y a pas deux points de vue, il n’y en a plus qu’un quand il apparaît. Un peu court !

Evaluer les évaluateurs

Qui t’a fait roi ? La question se pose ou devrait se poser et même se reposer. Evaluer les évaluateurs… Devrait être une affaire entendue. Personne ne l’entend. Chacun court après sa rente de situation …D’où que l’on opère. Dans cette compréhension, l’évaluation devrait elle-même être « évaluée », c’est-à-dire organisée pour être mise en débat public, en permanence. Nous sommes loin du compte.

Sans doute souffre-t-on d’une sous évaluation chronique qui va de pair avec des surévaluations sauvages ! On arrête pas de faire dans l’à peu près, ce qui nuit au travail du véritable évaluateur qui se sent responsable et investi.

Il y a de réelles expertises possibles correspondant à un travail réel possible et dont l’expert n’a pas à rougir. Crée-t-on les conditions d’un tel travail ? Rien n’est moins sûr. On préfère s’en tenir à de l’amateurisme…Amateurisme à quoi l’on astreint même la personne experte et compétente. C’est le nivellement par le bas ! Il faudrait créer des conditions d’expertise et de contre-expertise ( deux points de vue travaillés et non concertés) simplement sérieuses ( et effectivement rémunérés, produites contre honoraires)

Il y a pourtant, même en matière de recherche, moyen d’évaluer le chercheur ! Non pas parce qu’il aurait trouvé…Mais parce qu’il répond de la mise en œuvre d’un protocole. Notion parfaitement étrangère à la pratique artistique : on préfère projet (avec avant même la mise au travail, une anticipation des résultats …C’est moins risqué qu’un protocole et donc mieux contrôlable).On doit donc se dire que la sous évaluation permanente et sauvage serait la rançon d’une navigation à vue et d’une précarité structurée pour durer.

En effet il y a toujours un « ça ne vaut rien » pour justifier le « turn over » dont les artistes font l’objet et justifier un sous financement endémique qui INTERDIT la reconnaissance effective de ce qu’une vie puisse être d’artiste !

Sauf exception, cela n’est pas prévu même avec l’imposture de l’excellence. Il n’y a officiellement d’artiste reconnu dans une permanence de leur pratique, que mort !

Curieuse façon de vivre.

JP DUPUY 30 jan 2009 ADADA

En fev 2009, l’adada a tenu son assemblée générale sur le thème de l’évaluation ; Ce texte vient couronner la réflexion alors engagée : il ne prétend pas clore le débat ; il demande donc à être amendé, corrigé et discuté. Il sera alors présenté au vote à notre prochaine AG de février 2010.


Notes

1.Même le PCF alors au sommet de sa puissance, saura en 1967 lors d’une conférence nationale exceptionnelle sur la culture, tenue à Argenteuil, affirmer que « l’art n’est pas réductible à l’idéologie ». Il est vrai que l’affaire du portrait de Staline avait déclenché un séisme quelques années (1956) plus tôt dans les rangs des intellectuels communistes alors fort nombreux. Argenteuil fut donc l’aboutissement d’une longue maturation qui permettra à la mouvance communiste d’observer une bienveillante et néanmoins critique neutralité vis-à-vis de la politique de Malraux

2.C’est ainsi qu’une commission de l’ARDES (Association Régionale de Développement de  l’Économie Solidaire) essaie  d’interroger et de discerner les paramètres et critères  sociaux du travail artistique dans sa réalisation  comme dans sa diffusion.

3. Stigmatiser le dit comité n’est pas de notre propos.

4.Lui aussi perd sa qualité de soutien à la diffusion (et donc à l’existence des compagnies) pour n’être plus, sauf exception qu’un organe de régulation et de sélection pour l’entrer des artistes dans le métier.

5. Nous avons déploré en son temps, certaines polémiques désastreuses dont fut saisie l’opinion publique à l’occasion du changement de tête à la direction du CDN.

6. À  l’heure de la mondialisation, renforcer le tissu industriel d’une Région est devenu une gageure, un pari intenable …Il faut donc bien se tourner vers une autre stratégie –compte tenu du libéralisme capitaliste mondialisé ( chine comprise)- et jouer la carte culture prend alors tout son sens ; Un sens relativement irréversible : pas d’autres cartes à jouer en dehors de la reconversion vers l’écologie et le développement durable.

7. Explosion phénoménale de la consommation de cocaïne et autre drogue dure dans tous les milieux.

8. Inutile de dire que nous n’en avons pas la prétention. On ne fait ici que mettre le doigt (le petit) sur cette dimension du problème.

9. Outre Jean-Michel Lucas dont on s’excuse  incidemment de travestir la pensée, notre réflexion doit beaucoup au SYNAVI qui  a beaucoup réfléchit la question et dont on trouve la meilleure trace dans ces « cahiers ». Cahier n° 1 présenté à Avignon l’été dernier. Juillet 2009.

10. Pour la théorie de l ‘exception qui peut vaguement se référencer à Philippe Sollers, ce serait plutôt notre ami Laurent Frattale responsable national du Synavi, coprésident du CRSV B-N  qui m’en offrit la primeur. Je l’en remercie bien volontiers.

11.Heureusement internet a ouvert de nouvelle piste …On peut donc trouver de la critique avertie sur le Web et notamment l’insensé-scenes qui rassemble de nombreuses signatures qui couvrent de nombreuses prestations de la région. Lot de consolation…dans un désert sans fin dont ne peuvent que souffrir les artistes d’ici …Et d’ailleurs.

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Réforme des collectivités territoriales

Position de l’adada concernant le Projet de réforme des collectivités territoriales.

Comme chacun le sait, le gouvernement prépare une réforme des collectivités territoriales. Elle concernerait essentiellement  une réduction des différentes instances de décision : canton, communauté d’agglo, syndicat de communes, pays,  départements,  régions, tenues pour un mille-feuille dispendieux  … Mais la réforme projetée qui verrait par exemple fusionner département et région s’accompagnerait  d’une révision des compétences dont la compétence culturelle. Sur ce dernier point  les artistes et acteurs culturels ( donc l’adada) sont  donc particulièrement interpellés. Beaucoup pensent que ce sont leurs sources de financements (le plus souvent croisés) qui seraient affectées. Par conséquent, au moment où s’engage la campagne des régionales, comme un préalable à tout débat, il importe que nous nous déterminions par rapport à la réforme annoncée.

Le projet actuel de réforme des collectivités territoriales inquiète les artistes et les professionnels de la culture, en particulier tous ceux qui relèvent du secteur indépendant,.

En effet, en l’état  le projet de réforme en remettant en cause la compétence ou l’engagement des collectivités territoriales[1] sur le terrain de la culture, peut porter un coup fatal au dialogue entre les artistes, leurs structures et les élus soucieux de voir s’inscrire  la création artistique dans la vie des territoires.

Dors et déjà, la Réforme Générale des Politiques Publiques est porteuse de sérieuses menaces sur l’intervention de l’État en matière de Culture.  Les artistes sont bien conscients que c’est une intervention accrue et un renforcement du soutien des collectivités locales et territoriales qui ont « sauvé » la mise  de nombreuses structures culturelles (y compris de label national).

C’est donc bien le développement culturel qui risque de subir un coup d’arrêt décisif avec la perspective de la réforme territoriale.

L’effet pourrait en être terrible d’abord sur l’emploi avec une baisse d’activité inévitable. En même temps c’est la dynamique culturelle  qui touche au plus près les citoyens qui se trouverait affectée.

Parce que  de plus en plus d’acteurs de la vie culturelle réfléchissent à des actions en profondeurs, en liaison étroite avec nos concitoyens, il est nécessaire que s’entretienne un dialogue constant et fécond avec des élus de proximité.

Il est nécessaire de maintenir et développer la création et la production de l’art vivant au coeur de l’espace public et cela à tous les niveaux des territoires.

Il est donc urgent d’inventer et de promouvoir des modes de production artistique qui s’inscrivent dans le cadre d’une économie solidaire, en concertation avec les citoyens.

Au moment où la question d’élargir la base sociale des amateurs d’art et la culture se pose avec acuité, il est mal venu d’opérer une recentralisation rampante qui s’inscrit a contrario du nouveau palier de développement de la culture.

Collectivités territoriales et perspectives de développement culturel

Proximité et diversité sont à nos yeux, les deux valeurs fondamentales pour une approche nouvelle de la politique culturelle. Impossible estimons-nous de mettre en œuvre cette approche sans des instances politiques variées en prise directe sur les territoires. Nous  pouvons tout à fait admettre une révision des découpages territoriaux, voire des réformes adéquates mais  il se trouve que, toujours, la culture peut y trouver des instances propres à satisfaire son développement.[2]

1 Proximité  et diversité

Les petites structures qui configurent l’essentiel du secteur indépendant  et leurs artistes ont besoin de proximité et de concertation au plus près des territoires (urbains et ruraux) qu’ils investissent Fragiles et précaires ces entreprises sont riches de leur diversité,  Il leur faut une grande variété d’interlocuteurs qui autorise une grande diversité d’expériences . Par sa  souplesse, et son adaptabilité, la micro-entreprise  culturelle et l’artiste peuvent  répondre au mieux  à toutes les configurations.

Aujourd’hui, les structures indépendantes peuvent expérimenter et partager avec les élus locaux des modalités très diverses d’intervention. Cette dynamique doit être préservée coûte que coûte.

2 Politique publique et secteur indépendant

Le secteur indépendant se revendique autonome et libre de ces choix mais, de plus en plus, il est porteur d’une exigence de politique publique et il se reconnaît dans ses principes. Porteur d’exigence de qualité, garant de la diversité et de la richesse de l’offre culturelle, il souhaite s’impliquer à tous ses niveaux d’intervention dans une mission de service publics. L’évaluation de son action va donc procéder de cette volonté.

Il importe donc que l’exigence artistique puisse s’exprimer dans une co-construction   et un dialogue constant entre les professionnels et les élus et ce, à tout les niveaux d’intervention possible.

L’artiste sera indépendant, car ne renonçant en rien à ses finalités artistiques quant au politique  il veillera à la juste rencontre de cette indépendance avec l’intérêt général  dont il est l’expression. Cohabitation et convergence d’intérêts différents, voire contraires, pour  satisfaire à l’appétit toujours renouvelé, d’émancipation des citoyens.

Pour l’adada JP Dupuy  8 jan 2009

PS : Nous avons pris connaissance des vœux présidentiels et  pris acte de la promesse de ce que les futures collectivités territoriales ne seraient pas  privées de la compétence culturelle. Citons la déclaration du Président : « Je le réaffirme solennellement pour être bien compris devant vous : toutes les collectivités, des communes aux régions en passant par les intercommunalités et les départements, continueront à exercer leur compétence culturelle après le vote de la loi réformant les responsabilités des collectivités territoriales. »
7 janvier 2009

Nous nous félicitons  de cette déclaration. Cependant un bémol s’impose…Les collectivités territoriales   « continueront  à exercer leur compétence  culturelle » …or  il ne s’agit pas de la compétence culturelle  générale (que la Région par exemple exerce par défaut !) . Autrement dit  se trouve pérennisée la répartition actuelle des tâches.


Notes :

1 C’est un fait que a priori , la culture n’était pas inscrite dans le domaine de compétence du Conseil Régional. Il est donc intéressant de constater que  cette absence n’était pas « tenable »

La culture par delà son étroite acceptation comme beaux arts, c’est avant tout le ciment qui lie entre elles, toutes les dimensions de l’existence. Comment en faire l’économie, dès lors qu’elle décline sur un mode singulier ce qui fait le sel de la politique, à savoir : comment les gens vivent ensemble. Sous des prises d’angles  très différentes artistes et politiques ont la même visée ! 2

En particuliers, nous constatons combien des instances comme Caen la Mer sont très loin de remplir certaines missions que nous pourrions attendre d’elle.

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Lettre à Monsieur Philippe Duron, Député-Maire de Caen en date du 13 décembre 2009

Monsieur le Maire,

Comme j’ai pu vous le dire de vive voix ce samedi dernier, lors du débat consacré à l’Education Populaire, les artistes  sont inquiets quant à la place qui pourrait être la leur dans le Projet Éducatif Local (PEL). Au nom de l’Adada, j’ai pu  insister sur le fait qu’il ne saurait y avoir d’éducation artistique digne de ce nom, sans le concours des artistes eux-mêmes. Ce concours aurait l’air d’aller de soi  alors même que l’on se passe de les consulter.  Comme vous nous l’avez précisé, étude et concertation seraient déjà en cours avec les enseignants d’une part, avec les associations d’éducation populaire  d’autre part.

Autrement dit : quand on aura besoin de vous …On vous le signifiera !

Vous comprendrez aisément que ce n’est pas dans cet esprit que nous avons, par lettre, interpellé Pascale Cauchy, dès le 24 octobre dernier. Pour quelles raisons, nous estimerions-nous indispensable, dès maintenant, de procéder à des échanges et de participer  à  un véritable travail de concertation ?

Permettez-moi, rejoignant en cela  maints intervenants, d’en rappeler et développer ici les motifs.

Sortir des bonnes œuvres  et dépasser la problématique de la bonne conscience.

La première raison fut justement relevée par Marie-Christine Bordeaux. Ce serait celle qui voudrait que l’éducation populaire (et artistique parfois) procède du « malheur social ». On trouverait avec l’éducation populaire un adjuvant à la misère sociale, un baume au cœur, un bien de consolation courant.

D’où, souligné par un intervenant, l’intervention  souvent appréciée et parfois critiquée de la CAF…D’où, une telle orientation tenue pour des plus contestables, nous serions désolés que  le projet culturel de la ville puisse lui apporter une quelconque  caution. L’absence des artistes à l’étape initiale du PEL conforte notre appréhension.

Le piège de l’animation culturelle comme solution à l’éducation artistique.

La deuxième raison, il est revenu à un responsable de mouvement d’éducation populaire (notre ami Philippe Clément, responsable de la ligue de l’enseignement) d’en faire état.

En substance, il a pu relever que les animateurs n’avaient pas le niveau de formation requis pour dispenser et satisfaire les besoins d’une  éducation artistique digne de ce nom. Façon implicite de déléguer la mission de l’éducation artistique à  des agents qu’on identifie  comme animateurs. Façon  structurelle de mettre les artistes sur la touche et  d’entériner     (pour ne pas dire enterrer d’entrée de jeu)   une éducation artistique  digne de ce nom. Il y a des « accommodements  pédagogiques »  avec l’artistique qui signent l’arrêt de mort de l’art lui-même. Il faut pour une éducation artistique réellement possible mettre dans le chantier les artistes eux-mêmes et une vraie circulation des œuvres.

Voilà parfaitement condensé, le problème sur lequel en son temps, 1999, Madame Catherine Trautmann, Ministre de la culture devait achopper et je me suis permis de l’évoquer samedi.
Oui on peut, à l’infini professer  les bienfaits d’une éducation artistique massive et prioritaire (le pouvoir en place fait-il autre chose[1] ? y compris via sa réforme des lycées !) et  achopper sur les moyens  (en l’occurrence pas tant les moyens financiers que l’absence en nombre d’artistes sensibilisés et disponibles pour cette vaste mission). Il y fallait donc une authentique et courageuse volonté politique !  Cette volonté n’avait pas manqué à la Ministre…Lui aura manqué un environnement favorable politiquement et culturellement…car l’éducation artistique ne peut que déranger l’ordre culturellement établi et la distribution des rôles  que cela implique !

Mettre l’artiste au cœur du dispositif.

Fut évoqué ce samedi l’admirable ouvrage de Jean-Gabriel Carasso, son « manifeste pour une politique de l’éducation artistique et culturelle »[2] À travers ce manifeste, c’est toute l’action de l’Anrat qui retient l’attention. Parce que justement, l’Anrat a fait de la collaboration avec les artistes la pierre angulaire  de son action, les artistes reconnaissent en cette association, un acteur authentique de l’éducation artistique dans les écoles. Si l’artiste revendique (c’est bien l’objet de cette lettre) d’être au cœur du dispositif, ce n’est pas pour s’en faire un monopole et écarter  les précieux partenaires que peuvent être animateurs et enseignants. Il s’agit avant tout, d’appréhender le but final, de ne pas trahir la spécificité de l’artistique . Qui mieux que les artistes peuvent tenter d’en offrir la garantie ?

Le hiatus  de la culture et du socioculturel  a plombé et compromis, hier comme aujourd’hui, avec sa lourdeur historique, de rendre possible un accès authentique à l’art, une tentative réelle d’élargissement  de la base sociale des pratiques artistiques.

Faut-il continuer dans cette impasse ? Ou va-t-on enfin changer le fusil d’épaule et  ne plus se payer de mots ?

L’enjeu s’appelle : liberté.

Et donc, il importe peu de stigmatiser les uns (socioculturel) ou les autres (artiste et culturel) sur leur responsabilité  respective dans la « crise »  toute relative de la démocratisation.

Relative dirions-nous à l’idée que l’on se fait de la culture. Comme si par exemple, la télévision, le numérique, l’explosion des musiques actuelles n’appartenaient pas en propre à la culture ! Comme si  un « modèle culturel » qui s’auto gratifie du label de l’excellence ne devait pas non plus s’interroger sur sa légitimité ! Nous le disons et l’affirmons : l’éducation artistique  fait symptôme pour notre modèle culturel actuel. Elle s’inscrit à la croisée des chemins. C’est donc le meilleur endroit pour  une mise à plat (mise en crise ?)  de tous les problèmes qui travaillent la culture.

L’enjeu s’appelle liberté ! Et pour être plus précis : liberté d’expression. (c’était déjà l’enjeu capital de la crise de l’intermittence en 2003).

Comment expliquer autrement l’incroyable explosion des entreprises et manifestations artistiques de tout genre ? Comment expliquer à Caen, l’incroyable succès et impact des Théâtre-Ecoles (dont celui d’Actea qui a pu compter jusqu’à 800 « élèves » et recueillir jusqu’à 2000 signatures quand son existence fut menacée (1999/2000). Autre exemple  parfaitement significatif : le succès constant et avéré des ateliers d’écriture qui sont loin, très loin, d’avoir donné leur pleine mesure, faute d’un soutien adéquat !

L’éducation artistique, par chance, procède  du désir, d’un appétit  et d’une volonté librement affirmée  par celui qui s’y adonne. Rien d’obligatoire : c’est bien de liberté d’expression dont il s’agit. Il y  a une offre qui parfois peine à répondre aux besoins[3]…Il y a  donc une situation et des aspirations nouvelles à saisir et à analyser.

Il est donc bien entendu que l’éducation artistique doit être d’emblée un objet de concertation entre différents acteurs (ce que l’Anrat a parfaitement compris) qu’ils soient enfants, jeunes gens, adultes, amateurs, artistes, enseignants, éducateurs ou animateurs.

Pour le moment, Monsieur le Maire, les artistes sont parfaitement absents de la politique d’éducation artistique que vous souhaitez initier et nous le regrettons très vivement.

Ce qui me conduit à évoquer la troisième raison qui plaide en faveur  de la mise en place d’un vrai dispositif de concertation.

Formation et reconnaissance du rôle des artistes

On peut se faire l’écho, au plan des artistes, du même souci  éthique qui  fonde les scrupules de nos amis du mouvement de l’éducation populaire ; Mettre devant les enfants des personnels qualifiés. C’est pourquoi le binôme enseignant / artiste reste la meilleure formule par quoi peut procéder l’éducation artistique.

Les artistes de leur côté ne sauraient prétendre  intervenir sans  astreinte, sans s’assurer du concours de médiateurs avisés lorsque cela peut s’avérer nécessaire. Ainsi ils n’ont pas à se départir de leur finalité (finalité relativement rétive à  enseigner, éduquer,  instruire) artistique. Ainsi peut se vérifier un état de compatibilité de la fonction poétique avec la fonction  éducative. Faute d’une entente cordiale, l’artiste peut y perdre son âme et l’enseignant son « latin »[4]. On voit donc qu’un plan d’éducation artistique local sérieux doit s’en donner les moyens.

Ceci acquis …Il restera à régler le problème technique fort judicieusement évoqué par Romuald Duval délégué régional du SYNAVI, concernant l’emploi des intermittents.

Le protocole actuel  de leur régime spécifique de chômage ne permet qu’une collaboration étroite et limitée dans la sphère de l’éducation.  L’Adada a fait signé dans la région, une pétition qui a recueilli plus de 2500 signatures sur la question : Le droit des artistes à intervenir  strictement dans leur champ de compétence …Sans se voir transformés en animateurs ou enseignants au rabais.

C’est bien en porteurs d’exigences artistiques que les artistes se veulent  des collaborateurs à part entière. Et cette exigence peut s’exprimer autrement que par la réalisation d’un spectacle. Il existe un formidable potentiel et réservoir d’artistes[5] (dont beaucoup en situation précaire) qui –sur la base du volontariat- ne demandent qu’à se mobiliser ! Que va –t-on faire de cette  manne ?

L’ignorer ?  Solliciter un travail ?  Mettre en place une véritable offre ?  Structurer  l’action culturelle dans de nouvelles dimensions ?  Donner enfin dans ce processus singulier une vraie place aux citoyens ? Une place active  et responsable?

L’émancipation des citoyens

En effet, au terme de cette trop longue réflexion, il paraît opportun de laisser  le dernier mot au citoyen. Nous voulons parler du « spectateur émancipé » cher à Jacques Rancière ou, tout simplement, de  l’expression culturelle du citoyen  comme a pu l’évoquer René Fix. Qu’en fait-on ?

Voit-on, sait-on voir ce qui dans la société mute et se transforme (prend forme) comme capacité nouvelle d’expression ? Sait-on s’inscrire là où la culture dans son sens anthropologique  (vivre ensemble)  va  produire, rencontrer ou épouser des formes singulières qui –au bout du compte- seront réversible comme art ?

Est-ce qu’effectivement le but ultime qui anime  l’artiste comme le politique n’est pas l’émancipation ?  N’est-ce pas implicitement, ce que chacun entreprend dans la conquête du sens de sa vie ?  N’est-ce pas se vouloir maître de soi et sujet devant l’Histoire ?

Qu’a-t-on trouver de mieux à partager ?

Recevez Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments les meilleurs
JP Dupuy 13 dec 2009


[1] Dans le même temps où se proclame par le chef de l’état la priorité à l’éducation artistique, on observe une baisse bien réelle de la ligne 224 (action culturelle) du budget de la culture !

[2] « Nos enfants ont-ils droit à l’art et à la culture ? » Jean-Gabriel Carasso. Édition de l’attribut. Mars 2005

[3] On s’inquiète en permanence d’un numerus clausus  concernant la prolifération des artistes ! Cela fait plus de trente ans que ça dure (première vague de chômage et premier choc pétrolier sous Giscard d’Estaing).  Rien, aucune tentative de régulation n’a pu « arrêter » le mouvement…Il serait peut-être enfin temps d’observer ce fait de société autrement qu’avec les grilles du passé.

[4] Il n’échappe à personne qu’un service éducatif qui coordonne deux types d’activités et  implique la collaboration de deux agents coûte plus cher (deux fois plus cher) que l’intervention solo d’un des acteurs. C’est bien là que le bât blesse !Un tel souci d’économie  est peu compatible avec une éducation artistique crédible.

[5] Evidemment nous ne désignons pas exclusivement ici les intermittents mais bien tous les artistes de toutes disciplines sans oublier nos techniciens qui ont toute leur place dans la problématique de l’éducation artistique.

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Compte-rendu concernant deuxième rencontre de concertations et débats concernant le projet de la ville de Caen sur la Culture

Forum économie de la culture et du patrimoine

Un homme parti de rien pour arriver à pas grand chose, ne doit rien à personne
Pierre Dac ( Contribution magistrale de notre camarade José Escamez au débat)

C’était la deuxième rencontre de concertations et débats  concernant le projet de la ville de Caen sur la culture. Il portait sur l’économie. Occasion pour l’adada de rappeler par un tract distribué à l’entrée du forum que l’économie, c’est d’abord la réalité d’une économie libérale qui brade les travailleurs, artistes compris.

Il n’y a pas dans cette crise permanente, de lieu ou secteur préservés. La culture connaît le même marasme qui affecte toutes les couches de la population.  Grand merci aux nombreux adadaîstes présents ce matin !

À  la différence de la première réunion  d’il y a trois semaines on a pu constater une forte mobilisation y compris des intermittents.

Je vous rappelle que les débats enregistrés feront sans doute l’objet d’une communication ultérieure et  que de ce fait le présent compte-rendu ne prétend à aucune exhaustivité.

Responsable de notre parole collective, je  rend compte de « mes » propos comme il se doit et j’invite les adhérents qui ont pu intervenir à  nous faire parvenir la quintessence de leurs interventions et leurs observations.

En règle générale, nous avons pu constater  à propos d’interventions émises de la salle par des personnes étrangères à l’Adada une réelle convergence ! Convergence moins évidente avec les discours tenus à la tribune où avaient pris place Philippe Duron Maire de Caen et adjoint à la culture, J-P Quiles collaborateur de l’Observatoire des politiques culturelles, Samia Chehab  adjointe à l’innovation culturelle).

On observera aussi de très judicieuses interventions des représentants du SYNAVI de Basse- Normandie …Et pour la première fois, sera évoqué (par Samia Chehab)  le nom d’une nouvelle organisation, pièce maîtresse de la réflexion en matière d’économie : l’UFISC.

Ufisc, L’Union Fédérale d’ Interventions des Structures Culturelles rassemble plus de 11 organisations et quelque 1500  structures.
L’Ufisc a publié un manifeste pour une autre économie de la culture (document à télécharger en suivant ce lien).

J’ai pris la très lourde responsabilité de poser les questions suivantes :

1 Gratuité.

Rappel  d’une question d’actualité (déclaration dans tendance ouest du Maire) : la gratuité (entrée musée et autres)  est-elle une bonne chose ?

Nous avons souhaité évoquer une autre gratuité, rapportée à l’acte créatif, sensé ne rien rapporter, et procéder d’une gratuité absolue ! Nous trouvons inquiétant, le rappel de « retour sur investissement » trop souvent évoqué en matière de politique culturelle.  N’a-t-on pas avec  une plus grande implication du local dans le financement des arts, une tendance  à moins de désintéressement, vis à vis de l’activité artistique dont on attend retombées économiques ou sociales ? N’y a-t-il pas là, un bien réel danger ? (dont l’attractivité serait  un avatars).

2 Sens politique de la lutte des intermittents

La lutte des intermittents ne fut pas exclusivement une « défense économique » de chômeurs maltraités. Ce que défendirent et défendent encore les intermittents, c’est  un droit : le droit d’expression du plus grand nombre. Droit constitutif de toute volonté d’émancipation.

Primat de la volonté politique sur l’économique ? Est-ce possible ?

3 Une nouvelle politique culturelle est-elle possible ? Le livre sur les pratiques culturelles des français1 met bien en évidence que le développement culturel actuel  largement « dominé » par les institutions aboutit sans cesse à un effet d’aubaine ! On ne prête qu’au riche ! Quand donc cessera-t-on cette politique pour en essayer une autre ?  Une autre dynamique de développement plus horizontale moins marquée du sceau tour Eiffel (Décentralisation sur le modèle  jacobin)

4 L’Europe préparerait (avec la bénédiction du ministère de la culture) une dérogation concernant la circulation des œuvres (art vivant). Ponctuellement, des entreprises étrangères opérant sur notre territoire, seraient dispensées de la  nécessité de se doter de la licence d’entrepreneur du spectacle. Ce qui veut dire -en clair- que le clown polonais  pourra déroger à la législation française sur les droits des salariés, et relevés de la législation de son pays d’origine. Retour en force de feu la directive Bolkenstein de sinistre mémoire. Rappel que les artistes français jouissent d’une protection sociale  des plus avancées  en Europe. Et donc notre devoir c’est  d’accorder cette même protection au clown polonais … Au moins quand il vient en France !

Autres observations :

Quand une institution est en difficulté, du seul fait du non relèvement de sa subvention de fonctionnement : ce maintient  de l’essentiel de ses  recettes en francs constants 2 l’oblige à réduire sa capacité d’emploi des artistes…Les artistes (ou la marge artistique)  sont donc, de fait, la seule variable d’ajustement dont disposent les institutions !

Autrement dit, c’est celui qui, fondamentalement, justifie l’existence de l’institution  qui paie les pots cassés et qui se fait viré le premier3 ! EST-CE BIEN NORMAL ?

Dans le secteur indépendant c’est d’abord du non-emploi plutôt qu’une réduction d’emploi..Mais cela aboutit à la même chose : l’artiste paie la facture !                     Et l’intermittence continue de brouiller les cartes.

Dans ces conditions quelle évaluation économique sérieuse peut se faire ?

On rencontre sur le terrain de la culture, le même obstacle quant à l’estimation des économies clandestines : drogues, travailleurs émigrés exploités en mains d’œuvre clandestine…La culture émarge donc à ce qu’on appelle une économie souterraine ! Mais chuttttt, il ne faut rien dire, loi du silence oblige ! et d’ailleurs je n’ai rien dit me contentant de « suggérer »….que des questions puissent se  poser !

Enfin pour rester sur les sujets tabous  Comment se fait-il qu’il soit mal venu d’évoquer le critère du « prix de fauteuil » ? Pourquoi ne prend-t-on pas la peine  de calculer cle montant des fonds publics permettant à un spectateur de s’asseoir dans un fauteuil  du théâtre de Caen4 ? et combien accorde-t-on de fonds publics pour permettre à un habitant du Quartier de la Guerinière, d’apprécier un spectacle de rue 5?

Cela mettrait-il par trop, en évidence qu’une politique de gauche pourrait  par des choix précis, y compris « financiers », favoriser une autre approche  de la culture ? Qu’est-ce aujourd’hui que l’éducation populaire ? Peut-on fondait sur elle, une perspective politique sérieuse ?
De cela nous serions invités à parler Samedi 12 Décembre prochain à 9h à la MJC de la Guérinière où il sera question d’éducation populaire.

On se souviendra, le maire l’ayant rappelé, que la Jeunesse et Sports sensé tenir la main sur cette orientation et les « services adéquats » en est à une autodissolution indiscernable dans les méandres de l’action sanitaire et sociale du ministère de la Santé.

Mise en gouvernance « fascisante » de la jeunesse en la rapportant à la « bonne santé » physique et mentale aussi douteuse et nauséeuse que peut l’être le débat  sur l’identité nationale !  Ce n’est pas en se faisant rampante que la fascisation  se rendrait acceptable… Elle touche  et gangrène  toutes les sphères de la réalité sociale et culturelle.

Rapport au privé.

Échanges  « esquissés » sur le mécénat . J’ai pu évoquer comment l’adada a pu interpeller la CCI  de Caen à propos de la réalisation d’un film sur Guillaume le Conquérant où notre instance industrielle et commerciale s’est gardée  d’aucune concertation avec les milieux artistiques bas normands ! Notre démarche et notre courrier sont restés sans réponse ! Bref  le temps du mépris reste le temps de référence de nos relations avec le secteur privé !

Conclusions :

Nous sommes arrivés à un stade d’échanges sur le plan culturel de la ville qui permet un début de bilan.

En général, l’écho nous montre très réservés. Nous sommes à peu près unanimes à considérer qu’il ne s’agit pas là -à proprement parlé d’une concertation !

Les adhérents d’adada sont pragmatiques  et souvent , voient midi à leur porte ! Ils -nous- attendent des changements effectifs ! des actes…Le maire répond : patience et longueur de temps !

Mais pendant ce temps là …La défiance avancent assez sûrement !  Il manque quelques signes hautement symboliques ! Qui soient d’un autre ordre que de la belle idée !

En attendant il en est pour penser que  CETTE CONCERTATION Pourrait n‘ÊTRE QU’UN ÉCRAN DE FUMÉE.

En  effet, c’est un fait, la nouvelle politique de la ville, en dépit de la phase de concertation actuelle, rencontre un scepticisme bien réel !

NOUS DEVONS DONC ENGAGER LE DEBAT ! D’abord entre nous pour fixer une ligne et une stratégie, ensuite provoquer les mise au points nécessaires et indispensables !

Le compte-rendu que vous avez pu lire ne rend absolument pas compte des interventions  des camarades présents. Pourquoi ?  Parce que, que ce soit René Paréja, Romuald Poretti, Guillaume Leterrier, José Escamez, Laurent Frattale, ou Jean-Marie Mallet… (Pardon, si j’en oublie)

Ce fut un grand bonheur quand ils ont fait état de leur appartenance à l’adada… Parce que leurs interventions  étaient justes, fines et bien documentées…Et je me disais : « c’est ça notre force et notre richesse… revendiquer une diversité de point de vue ! Continuer à travailler ensemble  avec l’intelligence du dissensus6 ! travailler à  cette démocratie-là, voilà notre boulot ! »

C’est pourquoi je ne rapporte pas  les interventions de mes camarades pour ne pas dénaturer ou  déformer leur propos. Il faut donc si chacun le souhaite que, au sortie de ce genre de réunions, vous fassiez état par écrit de vos observations ! ça vous permet de travailler sur votre point de vue, de l’affiner..Et d’en enrichir notre communauté de travail. Si vous faites cet exercice …Alors notre réflexion deviendra forte et collective et l’adada n’aura plus qu’à s’affirmer comme une caisse de résonance  incontournable  qui dérange et dérangera au mieux les puissants (qui eux ne jurent que par le consensus pour  alibi du pouvoir qu’ils exercent sans partage !)

Que vivent nos désaccords et  que perdure notre union !

Merci .

Pour l’adada  JP Dupuy, le 5 décembre 2009

PS  Je vous rappelle que ce compte-rendu vient en complément de notre prise de position par tract et communiqué en date du 1er décembre 2009.
Il s’agit donc d’une pièce complémentaire. De même l’adada s’est clairement prononcée pour une autre économie ! Economie solidaire et culture de proximité. Mise en réseau et procédure mutualisante. Le manifeste de l’Ufisc  est pour nous  un texte de référence.

——
Notes :

1. Les pratiques culturelles des français par Olivier Donnat.
2. Il s’agit de lois d’économie de ce type d’entreprise connu comme loi de Baumol. Sur le fond le problème vient de ce que aucune machine n’a jusqu’à ce jour pu se substituer à l’homme sur le terrain de l’art vivant !
3. C’est extraordinaire comme les pouvoirs publics s’inquiètent de ne pas accorder aux artistes ce qu’ils appellent des « rentes de situation » !!! Quel acharnement à refuser qu’un artiste puisse ne pas avoir assez de sa courte vie pour « œuvrer » … Picasso par rapport à ce forcing constant des pouvoirs publics à maintenir l’artiste dans la précarité se saurait vu signifié l’interdiction de peindre dès son plus jeune âge… Avant même ou la précarité… qui n’a d’égale qu’une gérontocratie triomphante dans la sphère du politique ( où là les rentes de situation vont bon train… Ce qu’on appelle un train de sénateurs !)
4. Sans compter qu’en raison de son financement d’ordre « municipal » le théâtre de Caen a le bénéfice probable d’un réajustement annuel de ses ressources. La loi de baumol serait donc alors intégrée au mode de gestion de l’établissement. La question mérite d’être posée.
5. Le prix de fauteuil c’est le calcul de tous les paramètres incontournables rendant la prestation culturelle possible. C’est par une étude sur le prix de fauteuil que Pierre Boulez sauva son outil de travail l’IRCAM que l’ « on » (les pouvoirs publics) trouvait trop cher ! Par le prix de fauteuil un comparatif avec l’opéra Garnier et l’opéra Bastille incita les pouvoirs publics a une rapide marche arrière et à foutre une paix royale à Boulez ! Ceci pour répondre aux réticents d’évaluation fiable.

6. Lire et relire Jacques Rancière à ce sujet !

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Illustration : René Magritte, Ceci n’est pas une pipe, huile sur toile, 65 × 59 cm, 1929

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ÉCONOMIE DE LA CULTURE, LA CRISE EST LÀ ! tract distribué le 5 décembre 2009 à l’occasion du débat organisé par la ville de Caen : Quelle économie pour la culture et le patrimoine ?

Nous avons eu ce matin sur l’économie de la culture ce que je crois avoir été une très belle manifestation.
Nombreuses interventions de fort belle facture.
Vous trouverez son compte rendu assez vite sur ce blog.

Pour vous faire patienter, voici la photographie qui atteste que nos Clowns Républicains de Sécurité ( CRS adada)  assuraient la protection du Maire de Caen en raison des risques qu’il pourrait prendre d’une politique culturelle trop novatrice et dérangeante.

Vous pouvez également lire le tract distribué ce matin.

J.-P. Dupuy

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Rappel :

La 3ème rencontre aura lieu samedi 12 décembre 2009 de 9 à 12 heures à la MJC de La Guérinière, 10, rue des Bouviers 14000 Caen
La thématique développée sera la suivante :
De l’éducation populaire à la consommation culturelle : quel avenir pour la démocratisation culturelle ?

En présence de Marie-Christine BORDEAUX, enseignant-chercheur à l’Université Stendhal Grenoble III

Le projet “CAEN la culture en capitales. Vivre et s’émerveiller ensemble” est disponible au format pdf à cette adresse.

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Contribution de Jean Pierre Dupuy au Kfé-Croissant proposé par Danse Perspective le 18 octobre 2009 à l’esam de Caen

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Au commencement était la danse. Au commencement de toute pratique artistique est la danse ; Nietzsche disait ce qui permet de comprendre le sens d’une phrase, c’est son rythme

Autant dire que ce qui permet de comprendre le monde c’est qu’il danse.

Chers amis, Mon propos prendra la forme d’un billet que je m’emploierais à lire…Puisque Michèle a bien voulu aimablement nous accorder un temps bienvenu de communication, je me permettrais très brièvement d’évoquer ici  le pourquoi du comment qui fonde l’existence de  l’Adada et  de ses actions.

Nous sommes partis d’un constat invraisemblable : il n’existait dans notre région aucune instance qui réunisse les artistes de toutes disciplines. Partant de là, la question devenait n’aurions-nous rien à nous dire ? rien à partager ?  rien à apprendre les uns des autres ?

Curieusement l’interpénétration des disciplines artistiques est depuis longtemps passés dans les mœurs, s’y reconnaît même un quasi critère de modernité…Ce lieu même qui nous accueille mieux qu’en témoigner semble en faire un moteur de sa réalité.

Autrement dit le dialogue interdisciplinaire est aussi fructueux que possible et en même temps  nous en sommes aux balbutiements quand à prendre la mesure de nous structurer en conséquence. L’adada avec sa volonté de rassembler dans le même bateau, d’aucuns diraient galère tous les artistes..Fait figure d’exception. Nous rassemblons une centaine d’artistes et plus sur le territoire bas normand..Avec comme objet commun : la solidarité des artistes et le développement des arts. Il reste -sauf exception que nos camarades s’investissent plutôt par  affinités relevant de leur stricte obédience. Chacun s’accorde comme excuse l’impératif de sa survie, et grosso modo qu’il n’a que trop à faire pour  atteindre ses objectifs par quoi se  trouve focalisée  son énergie. Bref on s’accorde à s’estimer coincé dans les bornes du calcul égoîste ; ce qui est amusant et contradictoire …C’est que c’est en s’emparant des problèmes de la danse que l’Adada a quelque peu malmené les fameuses « bornes étroites « . En effet la situation de la danse en France et en Basse Normandie est devenue si préoccupante et gravissime que cela n’a pu que devenir l’affaire de tous. Il existe avec la danse un comparatif possible par rapport  au développement du théâtre…Impossible alors de faire l’impasse sur une situation par trop dégradée. En tout cas sous nos cieux …Mais les signes existent indicatifs que cela commence à frémir aussi au plus haut niveau ( Entretien de Valois, conférence régionale Rhône-Alpes).  En tout cas nos amis danseurs ont mandaté l’Adada à juste raison  de  favoriser la mobilisation, la réflexion et l’action du secteur de la danse dans son appétit de se structurer et de prendre ses affaires en main. Mijote actuellement sur le feu un collectif/danse qui  entend maintenir une juste pression  sur les pouvoirs publics.

Ce n’est pas fausse modestie de ma part mais j’avoue ne trop rien savoir de la danse , ou si peu…Je suis donc susceptible de m’emmêler les pinceaux…Le trait d’esprit ne pouvait s’éviter en ce lieu.  Quand même, par delà leur technique qu’est-ce qui  rassemble les uns ou les autres, qu’est-ce qui nous fait : peintres, danseurs, acteurs un air de famille ?

Je suis tenté de répondre (il faut m’en excuser) par un emprunt à la philosophie allemande la plus accomplie. Un mot allemand donc me vient à l’esprit : l’Ursprung.  Quoi-t-‘est-ce ?

Il se traduit par  convergence un double sens : le jaillissement d’une part, le retour sur les origines d’autre part. Ce serait ça qui bondit hors de moi,  le saut dans l’inconnu, la source imprévisible ..Cela jaillit on ne sait d’où ..Ce flot, ce flux bondissant, comment l’attraper, avec quel filet ?  Danse, peinture, théâtre …En réalité, rien ne s’attrape…L’eau vive traverse, transcende notre tentative..ça n’arrête pas : la vie suit son cours…Et comme disent les jeunes gens on s’éclate ! Ainsi que fait-on d’autre ? Que témoigner de sa naissance ? que d’être venu au monde pour « une saison en enfer ». Rimbaud le dit si bien :

« Connais-je encore la nature ? Me connais -je ? plus de mots.

J’ensevelis les morts dans mon ventre !

Cris, tambours, danse, danse, danse, danse !

Je ne vois même pas l’heure ou les blancs débarquant je tomberais au néant.
Faim ; soif, cris, DANSE ! DANSE ! DANSE ! DANSE ! »

JP Dupuy, le 5 oct 2009

Illustration : les danseurs d’Alvin Ailey  par Andrew Eccles

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Compte-rendu réunion Collectif Danse jeudi 24 septembre

culture


Comme nous en avions convenu le collectif/danse s’est réuni ce jeudi matin avec  Danse/perspective pour  organiser ensemble le futur Kafé-Croissant. Nous étions une quinzaine… (et une douzaine d’excusés).

En guise d’introduction


Kafé-Croissant
(tout le monde ne le sait peut-être pas est une manifestation de rentrée de la danse organisée depuis de nombreuses années pour présentation des programmes et projets qui concernent aussi bien les chorégraphes que les diffuseurs. Comment la danse circule dans notre région. Qui fait quoi et où ? Qui se produira dans la région, Quand et Où ?

Cette année donc Kafé-Croissant accueillera notre collectif nouvellement constitué. Dors et déjà (au cumul de nos réunions) on peut dire que la mobilisation des chorégraphes reste forte

et  que le mouvement amorcé au printemps dernier continue … Et se structure de mieux en mieux.

Collectif/danse reste ouvert à tous les acteurs de la danse  quelle que soit leur place dans le secteur.

Bien entendu c’est Danse /Perspective qui garde la maîtrise de la manifestation qui  simplement pourra prendre cette année une dimension nouvelle et  un peu démonstrative de notre force en voie de constitution.

Un signe très très encourageant de cette force nous a été donné par la première conférence régionale du spectacle vivant !  Vous vous rappelez que nous sommes intervenus en juin dernier à notre comité régional du spectacle vivant et que le DRAC nous a reçu… Affirmant que la future Conférence Bas Normande  prendrait en compte nos problèmes prioritairement ?

Eh bien, le Drac de Rhône Alpes, monsieur  Alain Lombard a dans son discours introductif de la Conférence Région Rhône-Alpes  dit ceci qu’il tient semble-t-il pour prioritaire : « Rééquilibrage disciplinaire (fragilité de la danse et des musiques actuelles sur certains territoires) »

Vous avez bien lu : Rééquilibrage ! On ne dit pas autre chose même si on dit beaucoup d’autres choses !

La conférence régionale ? Parlons-en.

Petit rappel : Nous revendiquions des états généraux de la danse. C’est donc avec une certaine « réserve » que nous percevons la future conférence comme l’outil susceptible de résoudre nos problèmes. Pourquoi ? Parce que d’abord nous voulons un traitement global des problèmes impliquant tous les acteurs …Ce que ne garantie en rien la Conférence.  Ensuite, trop de retard et de mauvais traitements exigent des dispositions d’exception à la mesure des problèmes posés. Or nous ne méconnaissons pas qu’ils sont nombreux et qu’ils concernent beaucoup d’artistes de tout horizon…Nous redoutons donc de voir « noyer le poisson » …Enfin nul n’ignore que entre L’État et les Régions une redistribution des cartes est en cours et que les dites conférences ne soient que le champ clos d’une bataille politique et financière sur la répartition des charges, des compétences et  du coût incontournable du développement culturel.  Bref  « échaudé » par les entretiens de Valois dont il n’est rien sorti…Nous voudrions autre chose que des causeries de salon.

Qu’est-ce que nous voulons ?

Le DRAC nous l’avez dit : faites des propositions. Avec Kafé-croissant nous avons convenu de travailler sur de courtes interventions de manière pragmatique. Reprenant la méthode de travail de Mai dernier.

Instruire le dossier de la diffusion par exemple, profiter de la présence des diffuseurs pour un vrai dialogue.

Nous aurons donc des « communications » brèves (entre 5 et 10 minutes) en nombre limité. Nous avons retenu des hypothèses et par exemple donner mandat à Sophie Quenon d’interpeller le conseil régional sur les « lieux-relais » ( ils se réclament en nombre de la danse ), que peut-on  concrètement en attendre. Autre question : les conventionnements de compagnie ? Quelle règle du jeu ? Quelles critères ?

Ainsi nous voudrions avancer par petites touches précises et circonstanciées. Sur des propositions émises par les uns ou les autres.

À quoi s’ajouteraient l’écoute de personnalités invitées… Soit venue d’une autre région, (Paca et Bretagne) soit  pouvant nous apporter un éclairage (Emmanuelle Dormoy, par exemple ).

Nous avons échanger sur une date et des lieux possibles sans être en mesure de trancher…Michèle Latini devrait pouvoir orchestrer et les interventions (a priori trop nombreuses ! mais c’est heureux ) et  date /lieu.

Par contre s’agissant du prochain Comité Régional du Spectacle Vivant qui doit se tenir  mercredi prochain à 10h au Conseil Régional, nous avons convenus de nous y rendre nombreux …Non pas pour squeezer les débats mais pour marquer au contraire notre vif intérêt à ce que le Comité Régional devienne un outil  de concertation et d’harmonisation effectif  du Spectacle Vivant.

Il paraît que cette harmonisation concertation est aussi un objectif des Conférences Régionales ! Le Synavi à dénombré moins d’une dizaine d’artistes créateurs ou représentants de collectif d’artistes présents à la Conférence Rhône-Alpes sur plus d’une centaine de participants ! Ce qui a fait dire à cette organisation que cette sous représentation avait du sens et en disait long sur les intentions du ministère.

Nous serons donc vigilants mercredi prochain au déroulé de la séance du Comité.

Pour conclure

Comme on sollicite des comptes-rendus brefs, j’y souscris, mais du coup il comprend de nombreuses (trop nombreuses omissions).  Je vous prie de m’en excuser.  Cependant dans l’état, il témoigne et c’est à tout le moins s’agissant de danseurs d’une volonté de mouvement ! Mouvement collectif  et -insistons – sont et restent du collectif ceux qui n’ont pas pu venir et aussi ceux qui croient ne pas y avoir leur place (ils se trompent).  Par conséquent la préparation de Kafé-Croisant c’est Michèle Latini qui l’assure et qui vous invite à lui faire toute suggestion que vous estimerez utile.  Ainsi ensemble nous ouvrirons la voie. Joyeusement.

JP Dupuy

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Compte-rendu entrevue 7 juillet 2009 avec Mr Kléber Arhoul Directeur affaires culturelles

Compte-rendu entrevue 7 juillet 2009 avec Mr Kléber Arhoul Directeur affaires culturelles

En présence de catherine Reflé.

Cet entretien était accordé à Jean-Pierre Dupuy en tant que président de L’adada.a.

Entretien cordial d’une heure. Pour ma part je m’en suis tenu au document programme (pièce jointe). Cependant le Directeur ne manquera pas d’interpeller le syndicaliste responsable national du Synavi que par ailleurs je suis. Le directeur insistera sur  la représentativité du Synavi et de l’adada qu’il considère comme des interlocuteurs parfaitement responsables.

J’insisterai sur le fait que l’adada n’est pas un syndicat mais une coordination qui anime une réflexion et des actions collectives…avec la volonté de traduire au mieux les besoins et aspirations des artistes. Le directeur soulignera que c’est justement ce qui fait à ses yeux la représentativité et l’intérêt de  notre organisation et qu’à ce titre, il souhaitait que nous participions à la future Conférence Régionale. Qu’il attendait de nous des propositions et des textes synthétiques et qu’ainsi un véritable dialogue pourrait s’engager.

Le directeur insistera sur l’effort de la Drac en faveur de la danse montrant par là que l’action des danseurs a rencontré quelques échos. Il estimera que la Conférence régionale pourra ouvrir un atelier spécial pour traiter des problèmes de la danse. J’insisterais sur la spontanéité et l’exemplarité de la mobilisation du secteur danse et  qu’une rencontre était de ce fait indispensable. Je ferrais observer que c’est tout le secteur qui doit être pris en considération. Que le clivage entre culture et socio-culture continuait à empêcher un traitement correct et d’ensemble des problèmes et que c’était vrai pour toutes les disciplines. J’ai rappelé que la dotation budgétaire du chapitre 224 (action culturelle) était bien insuffisante ..et que  la formation et l ‘émergence devaient pourtant devenir prioritaire en période de crise.

Au total, le directeur a beaucoup insisté sur  la collaboration avec les organismes représentatifs qui structuraient le secteur indépendant. Au terme de l’entretien , rendez-vous fut pris pour la tenue en septembre d’une conférence régionale …réflexion implicite : la Basse-Normandie est-elle en l’état une entité de bonne dimension ?

JP Dupuy 9 juillet 2009

Rappel positionnement Adada

Position  de la Coordination des Artistes de Basse-Normandie. Adadat. 3 Juillet 2009.

Document communiqué Directeur des Affaires Culturelles lors de l’entretien du 7 juillet 2009.

Préambule

Force est de constater que la crise aigue qui  agite l’économie mondiale n’épargne aucun pays. Cependant il apparaît bien que la France, quant à elle, dispose d’un modèle social façonné de siècle en siècle qui, sans la préserver de tous les ravages et traumatismes de la dite crise, lui en atténue les plus douloureux effets. Nous estimons que l’exception culturelle française appartient en propre à ce modèle et cette tradition qui fondent les valeurs de la République. Par voie de conséquence, le Président de la République a pu évoquer, en Mars dernier, un plan de relance pour la culture lors de sa rencontre avec les principales organisations représentatives du secteur culturel.

C’est dans ce contexte que nous avons à apprécier la mise en œuvre des Conférences Régionales du Spectacle Vivant. La coordination des artistes de Basse-Normandie (Adada14) espère pouvoir, aux côtés des forces syndicales représentatives, pouvoir y apporter son concours et témoigner des difficultés qui préoccupent les artistes.

Bien sûr, les conférences se focaliseront sur le spectacle vivant, mais les problèmes spécifiques qui le concernent, ne peuvent se traiter sans une vision d’ensemble. L’Adadat occupe une place originale et à nulle autre pareille dans le paysage culturel et de ce fait peut  apporter un éclairage particulier, précieux à la meilleure compréhension possible des problèmes.

Il s’agit pour notre organisation de structurer une volonté de solidarité et de développement concernant tous les arts qui puisse se confronter à l’intérêt général…Autrement dit nous sommes préoccupés par une série de questions : quelle place pour les artistes, dans l’espace public ? Quel rôle peut-on attendre d’eux comme ciment de la vie sociale et collective, étant entendu que ce rôle n’est pas nécessairement consensuel.

Depuis sa création (janvier 2007) l’Adadaa s’emploie à stimuler la réflexion et la capacité des artistes à prendre leur responsabilité.

S’emploie tout autant, à mobiliser responsables culturels (formateurs et enseignants compris), responsables politiques et « usagers » (on peut préférer dire amateur, voire « publics ») autour de l’objet artistique. Ainsi constats et analyses s’enrichissent de l’appétit commun d’échanger. Ainsi, l’Adadaa est en mesure de traduire, ou d’essayer de traduire  sous l’angle d’attaque qui est le sien  (le plus large rassemblement possible des acteurs du secteur artistique) les effets heureux ou malheureux de la politique culturelle en cours. C’est ce travail d’observation et de réflexion qui nous autorise  à avancer des propositions et à nourrir les débats en cours.

État. Collectivités locales et territoriales. RGPP. Conférences du Spectacle Vivant. Plan de relance.

La RGPP aura jusqu’à ce jour, nourri une forte inquiétude quant à l’avenir même  des Affaires Culturelles. Une forte suspicion persiste sur le désengagement de l’État et un nouveau partage des rôles et responsabilités vis-à-vis de la politique culturelle. Les Conférences régionales annoncées seront-elles  en mesure de rétablir la confiance ?

Seul, nous semble-t-il, un fort plan de relance peut donner marges de manœuvre et crédit  à une redistribution et redéfinition des rôles et responsabilités. Telle est notre conviction, qu’il n’y aurait pas de réformes possibles sans garantie de moyens. Si l’État peut et doit tenir son rang, il ne le pourra le faire qu’à la mesure des moyens qu’il s’accorde…D’autant que l’on a assisté, ces dernières années à une montée en puissance des financements publics des collectivités locales. On voit mal qu’elles se laissent « dicter » leur conduite dès lors qu’elles deviendraient le principal bailleur de fonds. En phase d’équilibre relatif et instable  qui peut et doit piloter l’avion ? La question paraît incontournable. Verra-t-on les Affaires Culturelles opérer un repli stratégique sur le pré carré  de « ses » institutions labellisées…laissant le secteur indépendant s’en remettre aux collectivités locales et territoriales ? On voit bien pointer là une source de clivage sérieux, porteuse à court terme, de désastreux antagonismes.

Culture à deux vitesse qui « dupliquerait » le clivage déjà bien consommé et tout aussi désastreux du culturel et du socio-culturel.

Certes, secteur institutionnel et secteur indépendant n’obéissent pas strictement et nécessairement aux mêmes logiques…Mais en dernière instance, ils ont (ou devrait avoir) la même finalité d’ordre artistique. En réalité, nombreuses sont les pistes et dispositions à explorer qui pourraient assainir et dynamiser le secteur artistique et culturel dans son ensemble. Nous nous contenterons ici, sans prétendre à l’exhaustivité,  d’en relever quelques unes :

Priorité absolue à la recherche et l’émergence.

Ce qui est vrai des techniques et des sciences ne l’est pas moins des arts.

Quelles que soient les difficultés, recherche et émergence ne peuvent être tenus que pour des priorités absolues. L’Adada.a a pu le dire de vive voix au Président de la Région, elle renouvellera volontiers sa démonstration devant les instances de l’état. Préfet ou Directeur des Affaires Culturelles.

Car, il s’agit en tout état de cause, de préserver l’avenir en s’appuyant sur l’heureuse exception culturelle française qui demande à faire école à l’échelon européen.

Nous considérons que le dispositif actuel de lecture et d’accompagnement de l’émergence est particulièrement défaillant …Notamment de la part de l’État !

En effet, l’État n’est jamais là quand ça commence…Pas de mise à l’épreuve, pas de banc d’essai sérieux, pas d’accompagnement. Il y a là –estimons-nous- une carence récurrente aux conséquences les plus lourdes, qui laisse la porte ouverte à tout et n’importe quoi..

L’évaluation : L’excellence ? critère un peu court pour justifier les labels.

Fonder l’octroi de labels sur la reconnaissance d’une quelconque excellence nous paraît un  peu court, tant  l’exigence artistique à quoi se reconnaît l’artiste, rend bien superfétatoire pour l’artiste une quelconque échelle des valeurs. L’excellence est donc un bel habit  d’ordre fort académique, dont on veut affubler les artistes ! Faut-il le dire ? ils n’en demandent pas tant !

Ce que nous demandons avec insistance, c’est une plus grande transparence et un plus grand souci de justice dans le « travail » d’évaluation, en se rappelant à quoi invite la charte sur la diversité culturelle promue par l’Unesco. Le respect donc de la diversité est une donnée essentielle. L’évaluation est un sujet sensible pour beaucoup d’artistes, elle doit être pratiquée avec retenue et en s’entourant des plus sages précautions. L’Adadat Souhaite dialoguer et discuter sur l’évaluation et ses critères, souhaite que les artistes concourent  suivant des modalités à réfléchir à affiner le travail d’évaluation.

Permettre au secteur indépendant de se structurer. L’innovation incontournable.

Sujet sensible s’il en est : la structuration du secteur indépendant sur des modes qui lui sont propres. Eviter un trop lourd maillage institutionnel ; Au contraire le secteur indépendant doit se doter d’une réelle capacité et inventivité pour se structurer ! Innover, il n’a pas d’autres perspectives. En l’état, le secteur indépendant souffre d’un trop grand morcellement. Il s’atomise et se paupérise à grande échelle.

Quel que soit l’artiste et la dimension de l’entreprise dans laquelle, il s’inscrit…Il est porteur d’une démarche singulière. C’est une réalité incontournable. Que faire ? Comment peut-on alors inventer des dispositions et outils praticables avec la multiplication des structures ? Comment gérer, « capitaliser »  toutes ces énergies et cette richesse « explosive » ?

Par exemple :300 structures et formations de musiques actuelles sont opérantes sur Caen et la Basse-Normandie…Comment gérer et réguler ce flux sans dispositifs nouveaux ?

Ceci, alors même que le Cargo vient à peine d’entrer en service, pour le bonheur du secteur.

Apparaissent en conséquence des outils mutualisant, des regroupements qui permettent une meilleure lisibilité du secteur, qui permettent aussi une meilleure gestion de l’intérêt collectif  des acteurs, et une meilleure appréhension de l’intérêt général dont se réclament de plus en plus le secteur indépendant.

En même temps croissent et se renforcent de nombreuses organisations de type syndicales qui expriment et traduisent chacune à leur manière les changements intervenus dans le paysage culturel. Une mutation considérable est en cours qui induit un réel changement des règles  et conduites jusqu’ici adoptés, qui implique un effort de réflexion et une révision certaine des valeurs tenues pour établies. Comment accompagner et soutenir les transformations en cours..Aucun responsable ne peut s’épargner la question.

Redéfinir les relations avec  les institutions.

La mutation, les évolutions  indispensables qui font un devoir impératif au secteur indépendant de se regrouper et  de  s’organiser,  demandent aussi un effort considérable aux institutions qui doivent se recomposer et se repenser.

Un système plus ou moins pyramidal  peut devoir laisser place à  des relations plus horizontales. Au lieu de modéliser à partir d’une « pseudo » excellence, (comme si la seule perspective était de s’institutionnaliser), l’institution se voudra porteuse d’exemplarité, garante de la diversité et  partenaire du mouvement en cours.

Institutions et indépendants doivent « réformer » leur point de vue et leur stratégie, réviser en profondeur leur relation (sans hiérarchie ni condescendance pour les unes, sans infantilisme ni nombrilisme pour les autres).Un tel esprit, une telle réforme ne peuvent être opératoire sans remise en question des rentes de situation. Interroger la gouvernance des institutions et en revoir les modalités de gestion pour leur assurer un nouveau crédit et une nouvelle assise qui puisse les justifier comme  pôle de référence pour l’ensemble d’une discipline. Faire comme « avant »  ne peut plus « marcher » sans révision des rapports contractuels des uns et des autres à tous les niveaux.

Des États généraux pour la Danse

Le problème est d’abord national pour le développement de la danse en France, et c’est l’inspection générale des affaires culturelles qui a pu dresser un constat alarmant. Depuis certains  comités d’évaluation régionaux ont alerté l’opinion et refusé de siéger en déplorant une insuffisance de moyens. Dans ce contexte alarmant, la Basse-Normandie se distingue par une peut enviable dernière place ! Et on ne peut incriminer les acteurs de la danse opérant sur notre territoire, ils font ce qu’ils peuvent et même plus !

Au stade de dégradation que connaît la danse dans notre région on ne peut pas se contenter de replâtrage. Un plan d’urgence est nécessaire et ce plan doit impliquer tous les acteurs. Les pouvoirs publics doivent donc –nous semble-t-il-  prendre le taureau par les cornes. Des États généraux de la danse  devraient permettre un juste diagnostic et  permettre de mettre  en œuvre le meilleur traitement possible.

Communiqué Drac entretien du 7 juillet 2009



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Pour que le soleil brille pour tout le monde !

1er mai 2009

C’était il y a quelques jours le 1er Mai 2009.
Une fête dit-on.
Deux, trois jours avant François Alleaume, qui tient la galerie Hypertopie à Caen me téléphone :
« j’aurais besoin de bras pour le 1er Mai. Un camarade plasticien, Alexis Debeuf, veut qu’on circule avec des couvertures de survie… montées en drapeau… C’est magnifique ! C’est beau ! Mais il en faut beaucoup… Est-ce que ça t’intéresse ? Pas de slogan, pas d’explications…Ce sera juste une manifestation artistique, si tu veux »
Bien sûr ! Je veux…
C’est tard pour se mobiliser, mais c’est une belle idée !
Je veux voir ça.
Contact immédiat via internet avec les camarades du Synavi et de la coordination des artistes de Basse-Normandie (Adada)
et avec les étudiants art du spectacle (le Casq) qui avaient déjà prévu d’être sur la manif avec cagoules et nez rouges…
Et de fait nous nous sommes retrouvée une cinquantaine avec oriflammes éclatantes abondant à l’esprit festif du premier Mai.
Ciel lourd et gris en ce premier Mai 2009 et pourtant nous faisions flotter au-dessus des têtes un étrange soleil qui l’espace d’un instant devenait le symbole de toutes les luttes.
Que le soleil brille pour tout le monde !
C’était dit ! Joliment dit !
Le vent provoquait un bruissement dans les drapeaux évoquant le crissement des papiers or/argent dont sont enrobées souvent les friandises. Discrète musicalité
Qu’est-ce que c’est ? venait-on nous demander, jusqu’au Maire de Caen en personne, venu s’enquérir…
Et nous répondions simplement : artistes et travailleurs sont solidaires….
Et nous étions joyeux et fiers d’être là.
On avait bien fait de venir…
Finalement, spontanément et sans calcul, c’était juste un petit cadeau, un petit coup de pouce…
Comme on en produit souvent dans les luttes sur l’air des lampions.
Un p’tit coin de paradis.
Un sourire.
La nique à la misère !
1er Mai.
Jean Pierre Dupuy

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