Compte-rendu Adada au Comité Régional du Spectacle Vivant (CRSV)
Le Comité Régional du Spectacle Vivant de ce mercredi 28 septembre 2009 avait pour cadre le Conseil Régional de Basse Normandie. Présidé par Romuald Duval (Synavi )et René Paréja (Syndeac) en présence de militants des deux organisations. . Point de détail non négligeable, sur les onze militants syndicaux présents, neuf sont aussi adhérents de l’adada ! Étaient présents trois responsables culturels du Conseil Régional. Citons les : Jacques Maignan secrétaire général des services du Conseil Régional, Isabelle Labiche-Mitendorff, directrice du Service Culturel, et Mohamed El Katid chargé de mission de ce même service. Dernière observation, les militants présents couvraient une grande variété de disciplines artistiques et de fonctions. Absences remarquées : grandes villes, départements, DRAC…
CRSV …Un an de fonctionnement : premier bilan
À quoi sert le CRSV ?
Créé à l’initiative des syndicats employeurs Synavi et Syndeac, remplit-il les missions que l’on attend de lui ?
René Paré rappellera ses buts et objectifs. Le CRSV est là pour concertation, coordination, harmonisation des politiques publiques concernant les arts vivants. Il aura été bien avant l’heure une « conférence régionale du spectacle vivant »….Il a donc tenu régulièrement des réunions abordant des sujets d’intérêt général : l’emploi et la formation furent notamment sa principale préoccupation. Le dernier rassemblement du CRSV aura permis de jeter une lumière crue sur les problèmes de la danse…créant l’impératif d’apporter au plus vite des solutions à un secteur en détresse.
Personne ne contestera que le CRSV a agité et favorisé une meilleure prise de conscience des problèmes liés au développement des arts vivants.
Cependant je me permettrais de faire observer que le bilan est mitigé.
Le CRSV en mal ?
Les politiques introuvables !
En effet on ne peut que déplorer l’absence récurrente des « politiques » …Qui transforme implicitement le CRSV en organe technique alors que la profession de foi des fondateurs le voulait aussi et surtout politique.
Un outil sans réels moyens
Bilan mitigé sur l’outil de travail doté d’aucun moyen. Or en l’absence de travaux ( commissions par exemple, préparation et compte-rendu des débats plus élaborés, couverture des frais de déplacements et de bouche de participants venus de toute la basse Normandie) le CRSV n’est qu’une tribune ( nécessaire certes ) quant il pourrait être autre chose de plus consistant.
Quel pouvoir et quelle autorité ?
Enfin on cerne mal de quel pouvoir et de quelle autorité, il peut se prévaloir. À cet égard les aléas sur la présence des représentants des pouvoirs publics (départements, villes, Drac, Régions) donne sens à un questionnement sur son autorité réelle. Entre corvée et bonne conscience…On concède d’y paraître puis on s’affranchit de s’y tenir. Survient là-dessus l’idée lumineuse d’une conférence régionale et le CRSV ne sait toujours pas à quelle sauce il sera accommodé : au reliquat des causes perdues d’avance ? Le CRSV aurait-il eu raison trop tôt ? Si Syndeac et Synavi souhaitaient s’en tenir à des syndicats d’employeurs dans sa composition, ce n’était pas par ostracisme vis à vis d’autres types d’organisations mais pour s’assurer avec les employeurs, d’avoir des interlocuteurs à la responsabilité engagée sur le terrain ( au moins de l’emploi) du développement économique du secteur.
Le CRSV en bien ?
Problématique de a concertation
Qu’on le veuille ou non : le CRSV assure à minima une concertation que tout le monde appelle de ses vœux !
Tout le monde dans les strates des pouvoirs publics n’a plus que ce mot à la bouche. Concertation ! Piège à…Non ? Tout le monde en réclame et personne n’en veut ?
Ne veut qu’elle soit effective. Que cela reste une bonne idée qui ne mange pas de pain !
La concertation flotte dans l’air comme le fantôme de l’opéra ! On entend vaguement musique et parole mais quel ténor va donner de la voix ?
À fleurets mouchetés par exemple, entre L’État et les Régions, ça s’escrime tous azimutes. En attendant, la coordination et l’harmonisation restent voeux pieux …On attend chef d’orchestre et sa houlette ! Comme si ! Il n’était de concertation, d’harmonie et de coordination que réalisable à la baguette ! (on le voit avec le grand Paris comme avec le comité présidentiel pour la création)
En réalité ce n’est ni cette concertation-là , ni cette harmonisation-çi auxquelles nous aspirons !
Tant mieux que se dégagent des marges d’autonomie et de manœuvres pour les uns et les autres …ce qui ne devrait pas exclure que se dégagent aussi du consensus et une synergie !
Voilà sur quelle base de travail l’adada souhaite s’orienter et nous avons des suggestions précises à faire. ( nous y reviendrons)
En l’état, certaines analyses et revendications portées par le CRSV ont pu être entendues.
Entendues ? Oui puisque le CRSV ne fut qu’un foutu « gueuloir » et purent y résonner les problèmes de l’emploi du secteur, de la formation et tout récemment de la DANSE.
Le CRSV existe et il faut faire avec. Composer en quelque sorte et lui lâcher du lest pour autant que. Autant que ses observations soient justes, autant que son relevé de terrain dessine une topographie conforme à la réalité …Car la force du CRSV est là. En ce qu’il exprime et traduit une réalité de terrain que le politique ou son représentant ne peuvent ignorer.
Jacques Maignan a excusé Monsieur Alain Touret de son absence.
Jacques Maignan au nom de la Région va -tout en reconnaissant qu’il reste beaucoup à faire eu égard à la lenteur des mutations en cours- dresser un tableau le plus exhaustif possible des orientations et changements intervenus dans la politique culturelle au niveau du Conseil Régional. Rappel des mesures initiées par les voix publiques et qui commencent à se traduire dans le concret sur le terrain : ouverture des premiers lieux relais, ouverture d’un site de concertation avec les professionnels, mise en œuvre imminente de conventions triennales pour les compagnies…Aides et taux de financement des activités culturelles et artistiques dont la Région n’a pas à rougir …
Un camarade non sans malice, prit acte de la déclaration en protestant n’être pas une chambre d’enregistrement. La Région n’était pas là pour se justifier pas plus le CRSV pour l’accuser.
Cette mise au point faîte, un échange aussi riche que varié présida à l’examen des Conventions d’objectifs, en passant par la sélection des lieux relais…Toutes choses allant bon train sans que l’on fit cas de l’avis des professionnels.
Ce fut l’occasion de découvrir un acte manqué d’un curieux effet : Les services de la Région pensaient les professionnels nantis du projet de convention régionale alors qu’il n’en était rien.
Autre « acte manqué » assez prévisible ( après celui de l’absence de concertation dans la phase ultime d’élection des lieux relais ! Comme si un avis du CRSV n’eût pas été précieux ? Un avis n’est pas décision, le CRSV aurait pu apporter et peut toujours apporter au moment décisif, un avis éclairé. Pourquoi s’en prive-t-on ? Et pourquoi les Conventions vont-elles faire l’objet d’une concertation en forme de va et vient avec les différentes instances (drac , ville, département) en passant par dessus la tête du CRSV ? Voilà donc « l’acte manqué » annoncé. Ce qui se manque, en l’occurrence, c’est la transparence que réclame sans cesse l’adada et le Synavi…Et qui explique c’est si long et trop long compte-rendu qui accablent ceux qui prennent la peine de les lire. La rétention d’information est un attribut du pouvoir…La répandre comme l’adada s’y emploie a donc du sens pour ce que démocratie veut dire.
Malheureusement nous ne narrerons pas par le menu, la teneur des propos, nous poursuivrons par de brèves évocations des problèmes posés selon le point de vue de l’adada.
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Lieux relais
Si, à travers le lieu relais, les artistes peuvent trouver enfin des « résidences » avec une couverture financière digne de ce nom, nous applaudissons, car la notion de résidence se trouve alors modélisée correctement et les compagnies indépendantes peuvent y trouver un complément de ressources.. Les lieux relais peuvent être un apport notable à une professionnalisation conséquente, un accompagnement précieux en liaison avec les institutions de référence.
Danger quand même que les lieux relais focalisent à leur usage exclusif les ressources locales d’une part, s’institutionnalisent outrancièrement d’autre part. Veiller donc au maintien des équilibres, à la souplesse du dispositif.
Le site internet régional
Le débat a donc permis de découvrir que les militants présents n’ont jamais eu livraison du protocole d’appel d’offre. Chose réparée depuis. Est signalée la mise en route du site internet interactif qui devrait améliorer l’échange d’information http://culture.crbn.fr/ . Allez-y des infos vous y attendent.
Ceux qui souhaitent un usage plus confidentiel du site peuvent s’en ouvrir à
Anne GALLOUX
Chargée de la mise en oeuvre des nouvelles mesures culturelles
Direction de la culture-Région Basse-Normandie
02.31.06.98.25
Convention et contrat d’objectifs
À première vue le protocole conventionnel s’inquiète à juste titre de mettre l’artistique et la création au centre de ses préoccupations, s’inquiète avec souplesse d’un minimum de diffusion des œuvres, de leur accompagnement sur le territoire, de la formation des publics, de la cohérence des projets vis-à-vis de l’ensemble des partenaires, d’une durée de trois ans renouvelables3 fois. Pas d’hypothèse de travail en « sortie » et un suivi annuel.
Observations : Lieux relais et contrat d’objectifs seront d’abord testés avec une première vague (6 lieux relais élus sur 19 demandes selon la Région) (5/6 conventions sur une quarantaine d ‘éligible, selon nous).
En réalité, élection et jeu démocratique obligent ..Ces dispositifs amorcent une politique qu’il appartiendra à la future majorité régionale de poursuivre ou pas ! (C’est bien pourquoi l’Adada entend être présente dans la future campagne des régionales : c’est un devoir !)
Autre crainte plus ou moins avouée : les rentes de situation ! Nous sommes d’accord absolument d’éviter une telle dérive ! Comment ? Nous pensons que doit se penser et se mettre en place des dispositifs particulier concernant la notion de PERMANENCE sur un long terme du travail de certains artistes ! Difficile d’imaginer Picasso « prisonnier » d’un contrat d’objectif ! Les conventions ne peuvent donc en aucun cas répondre à ce type de situation qui concerne des artistes reconnus et consacrés…
La bataille du 224
C’est quoi le 224 ? c’est en matière de culture, la ligne du budget de l’État sur la transmission des savoirs et démocratisations de la culture. Aujourd’hui l’augmentation des crédits culture devient un effet d’aubaine (on facilite encore mieux la consommation des biens culturels par des gens déjà cultivés sauf si on augmente sérieusement la dotation du 224 C’est vrai pour l’état comme pour toutes collectivités locales ou territoriales . On ne doit donc jamais isoler les crédits « création » des crédits « 224 » !
Nous souhaitons pouvoir clairement identifier une telle ligne dans tous les bugets affectés à la culture, de façon que la lisibilité soit bien évidente des efforts consentis pour la démocratisation culturelle.
Co-construction des politiques culturelles
Qu’est-ce que ça veut dire co-construction ? ça veut dire que nous souhaitons pouvoir « travailler » et dépasser le stade d’un discours protestataire. Et pour travailler, il faut que les pouvoirs publics nous en donnent les moyens. Par exemple : le subventionnement de l’adada se réduit à néant, alors même que nous contribuons du mieux possible à la structuration professionnelle du secteur.
Puzzle
La problématique de Puzzle doit rentrer dans le cadre d’une politique publique diversifiée. L’adada a adopté une position de principe cohérente. Puzzle devrait pouvoir s’inscrire dans un réseau, un dispositif de monstration sur la capitale, des productions régionales ; nous parlons « réseau » car on voit mal que ce seul lieu réponde aux besoins manifestés. Puzzle devrait être un élément de réponse parmi d’autres, à charge pour ce dernier d’opérer les mutations structurelles nécessaires et d’offrir les garanties adéquates. Qui peut piloter l’avion ? répondre à la question, c’est offrir les garanties que les « tutelles » peuvent estimer nécessaires.
La politique culturelle des lycées.
Nous avons indiqué au CRSV que cette politique demande à être évaluée correctement. Que si elle débouche sur des actes créatifs …Ce n’est pas la seule évaluation de l’acte final qui donne quitus du travail accompli. Il s’agit d’évaluer tout autant, sinon plus un processus ! Ce qui se passe et s’accomplit dans la démarche demande une évaluation continue : c’est à dire un réel accompagnement et inventaire du protocole de travail artistique, de recherche et d’éducation…Nous disons évaluation et non « contrôle »…Nous disons collaboration ou mieux co-construction et non « flicage ». Une politique culturelle pour les lycées doit être conduite dans la transparence avec une volonté indispensable d’éducation populaire. Les lycées peuvent être un grand chantier de la politique culturelle…Se rappeler que les lycées agricoles restent une heureuse référence en la matière !
Ex-Fédé
Elle a été ! Elle n’est plus …Elle renaîtra de ces cendres le jour où l’ensemble des acteurs de la culture de notre Région décideront de se parler et de travailler ensemble ! Le jour où les pouvoirs publics réaliseront que la fédé serait encore là, très utile à tenir sa place, si ils l’avaient vraiment soutenue ! La Fédé nous manque…L’adada en maintient l’esprit sinon le principe. L’avenir nous donnera raison.
Intermittence
Juste rappeler que c’est la seule intermittence qui permet un exercice permanent de la chose artistique ! Telle est la démonstration constante de l’intermittence qu’elle est passablement fictive quand seule l’activité permanente est quant à elle réelle (déclarée ou pas !). Dire cela c’est tenir le langage d’une vérité qui sert à couvrir bien des carences dans le financement de la culture et qui masque ce qu’est effectivement la réalité professionnelle des artistes.
Un artiste intermittent ? Cela n’existe pas ! La permanence artistique reste donc un spectre qui hante l’intermittence. On ne peut pas percevoir cette réalité tant qu’on se réfugie hypocritement derrière le trompe l’œil de l’intermittence. Vérité première ; Nous n’avons pas trouvé mieux pour défendre et soutenir la liberté d’expression que le dispositif de l’intermittence. Qui dit mieux ? Qu’il le dise !
Centre Régional des Arts Vivants
Comment coordonner, harmoniser, concerter sans un puissant outil de travail à la mesure des problèmes posés ? La réponse c’est un Centre de ressources, observatoire, outil de formation, pépinière d’entreprises, qui fasse aussi fonction d’agent de coordination des micro-entreprises, et d’ animateur de réseaux…Entreprise Public de Coopération Culturel qu’on appellera Maison des Arts ? Centre Régional des Arts Vivants ? Centre des Arts et des lettres ?
Il serait le moyen par quoi les micro-structures régulariseraient leur appétit d’émarger au service public de la culture (C’est justement le problème de Puzzle). L’EPCC garantirait l’indépendance de chacun et en même temps donnerait droit et force à l’interdépendance. S’agirait-il d’une institutions de plus ? NON ! Non si c’est dans le cadre de l’économie solidaire que se tente et se fond l’expérience.
Pourquoi pas l’imaginer investir l’ancien palais de justice ? En inventant pour ce lieu, les termes d’une nouvelle convivialité ? En interrogeant et configurant culture de proximité, économie sociale et solidaire, espace public et urbain pour vivre ensemble autrement.
Évaluation
Le CRSV a terminé ses travaux du jour sur cette perspective de travail : De quelle évaluation avons-nous besoin aujourd’hui ? Comment la procédure d’évaluation peut –elle prendre en compte la richesse et la diversité des propositions ? Comment peut-elle et doit elle rendre lisible tous les « acteurs » et cerner leur apport ? La tâche est complexe et difficile . L’émotionnel et le subjectif entrent en ligne de compte au rivage des jugements de valeur.
Là encore , pas d’hypocrisie ni de démagogie, il est question de jugement de valeur quand chacun se tient pour inestimable. Les artistes ont besoin de s’évaluer en permanence, besoin aussi d’un éclairage critique qu’on ne trouve plus dans la presse locale. Il faut repenser l’espace critique sur le modèle du site l’insensé proposé sur internet
http://www.insense-scenes.net/site/
À la croisée des chemins l’Odia pose question. L’Odia pour quoi faire ? Pour quelles missions ? Le CRSV se propose de provoquer le débat ! rude épreuve tant de passions s’y convoquent.
Conclusion
Ce compte-rendu sert de biais à l’adada pour revenir sur certaines de ses orientations. Le débat est donc ouvert et toutes remarques bien venues que l’on soit adadaïste ou pas.
Vendredi 9 octobre 2009
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